Voyage

30 kilos et une vie…

Mardi 02 octobre, KFC, centre-ville de Hangzhou. Une question: « Et si Hangzhou ne te plaisait pas? » Je rembobine la pellicule pour revenir 10 jours en arrière…

05h30, lundi 25 octobre, Bruxelles. Réveil difficile. Quelques nuits sans dormir n’aidant pas, mon corps se traine vers la salle de bain, puis s’immerge dans la douche, s’habille, puis se charge de mon sac à dos.  Mes yeux font une dernière fois le tour de la pièce pour vérifier que mon cerveau n’oublie rien, puis mes jambes me mènent finalement à la gare du Midi. Eurostar de 08h05, arrivée à Londres 09h00 heure locale. Métro, nouveau train, navette aéroport, me voici à Gatwick, il est 11h30. Ma bouche tente d’ingurgiter une pâtisserie que mes yeux ont choisie. Sans succès… Ces derniers tentent d’ailleurs de parcourir quelques lignes sur les pages d’un livre que mes mains ont caché dans mon sac à mon insu. Sans succès… Zoe me rejoint enfin. Mes jambes me guident maintenant vers le guichet du check in, pas à pas derrière elle. Zoe me parle. Mes oreilles sont reliées directement à mon cœur. Zoe me sourit. Mes jambes, les mains, mes yeux recommencent lentement à faire partie intégrante de mon corps. Zoe rit. Mon sang coule à nouveau dans mes veines. Nous décollons, et le temps s’arrête. En dessous de nous, la France, la Grèce, la Turquie, l’Iran disparaissent en glissant silencieusement.

Minuit, mardi 26 octobre, Doha, Qatar. Les gyrophares de l’aéroport nous accueillent de leur teinte orangée. Notre transfert ne dure que deux heures, entrecoupées de trajets en navettes embuées se frayant un passage parmi les avions posés sur le tarmac, tout en jouant à cache cache avec les rayons oranges projetées par les battements de cœur lumineux de l’aéroport. Notre avion se présente enfin, au milieu d’une forêt d’ailes, de dérives et de frets.
02h00, nous décollons une nouvelle fois. Le Pakistan, L’inde, le plateau Tibétain étirent d’interminables chaines de montagnes loin en dessous de nous, dont les plus hauts sommets recouverts de neiges éternelles émergent des nuages. Une aube bleutées dévoile peu à peu leurs crêtes à perte de vue, qui viennent finalement mourir sur les premières dunes du désert du Taklamakan.

14h00, le 26 octobre, Shanghai, Pudong Airport. Le taxi qui nous conduit vers notre hôtel pénètre dans la circulation dense de la ville tentaculaire. Les premiers immeubles bordent l’autoroute dès les grilles de l’aéroport, puis quelques tours jetées ça et là, et enfin les hauts grattes-ciel du centre-ville se dessinent dans la grisaille de Shanghai. 16h00, Bik Time Hostel, quartier de Nanjing Lu, nous échouons enfin sur le lit d’une minuscule chambre, dans laquelle nous dormons trois jours d’affilée… Zoe et moi, et nos sacs, entassés où il y a de la place. Une timide visite du Bund pour nous plonger dans l’ambiance de la ville, un café bien chaud, des rires.

13h00, vendredi 29 octobre, gare de Shanghai. Notre train quitte le quai. 180km et 40 minutes plus loin, Hangzhou nous accueille. Hangzhou, pour vérifier le proverbe chinois. Hangzhou pour savoir si c’est le bon endroit. Hangzhou pour savoir si nous et nos sacs pourraient se plaire et rester… un moment… Nous et nos 30 kilos de vie…

Mardi 02 octobre, KFC, centre-ville de Hangzhou. Une question: « Et si Hangzhou ne te plaisait pas? » Zoe est assise en face de moi et boit son café pas cher. Elle avale doucement, pour se réchauffer. Elle me regarde. Puis, enfin, elle me répond… Je sourie. Je crois que je connaissais déjà la réponse…